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Quelle était objectivement la situation socio-économique des régions du NO et du SO, avant le déclenchement de la crise en 2016 ? Est-ce que ces régions affichaient des indicateurs de développement nettement inférieurs aux autres régions du pays ?

Source: Institut National de la Statistique du Cameroun :


data table

Note explicative sur les données :

D’emblée, il convient de préciser que l’incidence de la pauvreté ne saurait à elle seule comme indicateur, dépeindre l’ensemble de la situation socio-économique d’une région donnée, ainsi que des variations inter-régionales.

Au Cameroun, l’incidence de la pauvreté monétaire, qui est établi à travers de outils statistiques dans le cadre des Enquêtes Camerounaises Auprès des Ménages (ECAM) périodiques, est un indicateur permettant d’établir le nombre de citoyens ou résidents du pays qui sont capables ou incapables de se procurer un panier minimum de biens de consommation (alimentaires et non-alimentaires), qui constitue le seuil de pauvreté monétaire national. En 2014 pour l’ECAM-4 par exemple, ce panier de consommation (seuil de pauvreté) était évalué à 28,310 frs CFA/mois ou 931 francs CFA/jour. En traçant un profil de dépenses actuelles par des ménages sur la consommation de différents biens (y compris en évaluant l’autoconsommation des produits alimentaires, ou le loyer imputé des ménages propriétaires de leur logement), ces enquêtes permettent d’établir le nombre d’habitants étant au-dessus, et en dessous du « panier minimum » (seuil de pauvreté).

Ensuite, l’incidence de la pauvreté n’évalue pas directement d’autres facettes du développement d’une région, à l’instar de la qualité des infrastructures (par ex., les routes revêtues) ou la densité téléphonique. Cependant, les analyses même de l’ECAM tendent à établir une corrélation entre l’incidence de la pauvreté et autres facettes du développement, à savoir : le degré d’urbanisation (résidence en milieu urbain ou rural), le niveau d’instruction, la taille du ménage, l’emploi dans le secteur formel ou informel, l’accès aux infrastructures, etc. L’incidence de la pauvreté n’est pas non plus un simple agrégat de la productivité économique (richesse) d’une zone divisée par le nombre d’habitants (à l’instar du PIB/habitant), car il trace la consommation réelle d’un échantillon statistiquement pertinent de la population concernée.

A partir de ces données, le premier constat est que les régions du NO et du SO se retrouvaient (en 2014, et dans les 15 années précédentes) dans des situations socio-économiques très contrastées. La région du SO a été systématiquement au cours de la période 2000-2015 dans le peloton de tête de régions les moins touchées par la pauvreté, étant classée 2e en 2001, puis 1er en 2007 et en 2014. Il s’agit au fait de la région du Cameroun où la pauvreté à sévit le moins. Le Nord-Ouest par contre durant la même période était classé respectivement 9e (2001), 7e (2007), et 8e (2014), le plaçant systématiquement parmi les régions les moins performantes en termes de réduction de la pauvreté. Si, entre 2001 et 2014, le SO a vu son pourcentage de pauvres diminuer de moitié (33,8 à 18.2 %), le NO a vu son pourcentage de pauvres plutôt s’augmenter (de 52,5% à 55,3%). Ceci tend à confirmer que le trait commun entre ces 2 régions avant la crise n’était pas une situation économique défavorable.