Source : Annuaire Statistique, Ministère de l’Enseignement Secondaire (MINESEC), Cameroun, 2013-2014.
L'offre d'établissements d'enseignement secondaire dans les régions suit en très grande majorité la ligne de démarcation français/l'anglais. Bien que toutes les régions disposent d’un nombre d’écoles offrant des sous-systèmes français et anglais au sein d’un même établissement (dites « écoles bilingues »), les écoles n’offrant que 1 sous-système (français ou anglais) sont situées presque exclusivement dans les régions où ladite langue prédomine.
75% de tous les apprenants du sous-système d’enseignement secondaire anglophone du pays (dans la filière enseignement général/classique) fréquentaient des écoles situées dans les régions du Nord-Ouest (NO) et du Sud-Ouest (SO) ; 15% des autres apprenants se trouvaient dans les régions cosmopolites du Centre et du Littoral. Logiquement, les écoles du NO et du SO ont fourni 75% des candidats qui se sont inscrits aux examens du General Certificate of Education (GCE) Advanced Level, qui marque sept années d’enseignement secondaire. (NB: Certains de ces candidats étaient des pensionnaires dont la résidence principale/familiale était en dehors du NO/SO).
Inversement, 98,8% de tous les élèves inscrits dans le sous-système français de l’enseignement secondaire (dans la filière enseignement général/classique) fréquentaient des écoles situées dans les 8 régions du Cameroun où la langue officielle la plus usitée est le français. Les écoles des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ne représentaient que 1,2% du total national des élèves inscrits dans le sous-système de d’éducation secondaire francophone.
La démarcation est encore plus nette pour l'enseignement secondaire dans les filières professionnelle et technique. Dans le système d'enseignement technique et professionnel anglophone, 85% du nombre total d'apprenants se trouvaient dans des écoles du Nord-ouest et du Sud-ouest, et 12% supplémentaires dans la région cosmopolite du Littoral. Six régions du pays (l'Adamaoua, l'Est, l'Extrême-Nord, le Nord, l'Ouest et le Sud) n'avaient pas un seul étudiant inscrit dans le système technique et professionnel anglophone. Dans l'enseignement technique et professionnel francophone, 100% des apprenants étaient inscrits dans des écoles situées en dehors du NW et du SW, qui ne comptaient aucun élève inscrit.
En conclusion, il existe une forte prédominance régionale des systèmes éducatifs respectifs dans leurs zones d'utilisation historique malgré une certaine pénétration interrégionale, en particulier dans les grandes zones urbaines cosmopolites. Il n’est ainsi pas surprenant (par exemple, en ce qui concerne le sous-système éducatif anglophone), que les acteurs de l’éducation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest exercent une forte pression centrifuge pour avoir un plus grand contrôle sur le sous-système éducatif anglophone, et pour gérer son orientation curriculaire, son développement systémique, et ses effectifs d’enseignants. Ces acteurs préconisent ces mesures pour protéger l’intégrité de ce sous-système des influences imprévues du sous-système éducatif français (qui a un plus grand poids démographique), lorsque les deux sont gérés de manière centralisée au niveau national.