Source des Données: Module sur la Gouvernance, la Paix, et la Sécurité (GPS-SHaSA),
Intégré au 4ème Enquête Camerounaise Auprès des Ménages (ECAM-4), Institut National de la Statistique, 2014
Analyse des Données: Mireille RAZAFINDRAKOTO & François ROUBAUD, Sous la crise anglophone au Cameroun: frustrations politiques et défiance à l’égard des autorités publiques, Document de Travail IRD et UMR DIAL, Université Paris-Dauphine, décembre 2018, 22 pp.
En se basant globalement sur l’analyse des données suscitée, quelques tendances générales se dégagent de ces données. D’abord que les conditions socio-économiques dans ces deux régions ne sauraient à elles-seules, expliquer les fondements de la crise – les deux régions (SO et NO) ayant des situations économiques très opposées au début de la crise. (Voir l’analyse séparée de l’incidence de la pauvreté dans ces 2 régions). Ensuite, sur la plupart des indicateurs dans cette rubrique (discrimination, risques de conflit, insécurité) les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne se démarquaient pas significativement de la moyenne nationale en 2014, juste avant le début de la crise.
Ainsi, sur la discrimination, le pourcentage de répondants au NO et SO qui disaient l’avoir vécu, et ceux qui pensaient que la discrimination constituait un problème répandu dans le pays, était proche de la moyenne nationale. Ce qui porte à croire qu’il s’agissait plutôt d’un phénomène ou d’une problématique national, et non un traitement vécu uniquement dans ces deux régions. Le pourcentage de répondants dans ces régions qui considérait leur groupe ethnique injustement traité par les autorités était faible en comparaison avec d’autres régions, et était même en régression.
Il convient de noter cependant que pour les répondants au NO-SO majoritairement anglophones, un traitement défavorable par l’administration sur la base de ce trait, ne se ressentira pas forcement comme une « discrimination » (entre couches de la population du NO-SO), mais pourra apparaitre plutôt comme une méfiance partagée d’une grande partie de la population, à l’égard de l’administration. L’enquête n’a pas aussi ciblé les ressortissants du NO-SO ou des Anglophones résidant « hors » de ces 2 régions, où ils sont potentiellement plus exposés à des désavantages en raison de leur langue officielle primaire.
Le pourcentage de répondants du NO et SO qui évoquaient des conflits dans leurs localités, ou le risque que les conflits intercommunautaires surgissent, était proche ou même en dessous de la moyenne nationale. L’indice de criminalité (objectif) dans les deux régions était aussi plus bas que la moyenne nationale. Et si les taux de confiance dans l’Etat pour assurer leur protection, et l’appréciation de l’efficacité des forces de l’ordre étaient inférieur à la moyenne nationale, ces points de vue favorables étaient partagés tout de même par presque la moitié (50%) des répondants des 2 régions.